LA PREHISTOIRE

Depuis des temps immémoriaux, l’homme a laissé son empreinte sur ces hautes terres baignées par les eaux de l’Agout qui voit ici le jour. Deux menhirs, qui trônent l’un dans le Musée du Vieux Biterrois à Béziers et l’autre dans le musée de Préhistoire Régionale à Saint Pons de Thomières, témoignent d’une présence humaine forte ancienne en ces lieux.

Salverguette

La Statue-menhir de Salverguettes

C’est un mégalithe anthropomorphe sculpté en ronde-bosse dans une pierre fichée en terre à la manière des menhirs.

Leurs périodes d’érection se situent entre le Néolithique final et l’âge du cuivre (3500 à 2000 avant J-C). Le Rouergue (à la charnière des départements de l’Aveyron, du Tarn et de l’Hérault) offre un ensemble d’une centaine de statues-menhirs en grès, stylistiquement très homogènes, datées du IIIe millénaire av. J-C. Les statues-menhirs de ce groupe sont sexuées, les attributs des personnages variant selon le sexe. On remarque que certaines statues ont été féminisées, et d’autres plus rarement masculinisées.

La statue-menhir du hameau de Salverguettes a été remplacée par une copie, l’original étant dans le Musée de Préhistoire Régionale à Saint Pons de Thomières.

EPOQUE GALLO-ROMAINE

Nos ancêtres Celtes et Gaulois

Il semble que nos ancêtres Celtes et Gaulois habitaient notre région vers les années 150 à 50 av-JC, car les seules traces existant encore sont des restes de fortifications avec les deux anciennes entrées ainsi que des morceaux grossiers de tessons d’amphores (pointes, panses, cols), de céramique campanienne et de poteries à pâte rougeâtre (« amphores républicaines vinaires type D1 ») qui dateraient de cette époque. Il y aurait donc peu de chance que les romains aient trouvé ce site encore habité lors de leur conquête de la Gaule en 121 av. J-C car il n’y a aucun objet que l’on trouve habituellement sur des aires où  les romains ont séjournés (tegulae, monnaies, etc…)

On y verrait bien l’existence d’un vaste entrepôt stratégique, entre plaine et montagne, où nos ancêtres (qui préféraient les tonneaux en bois) « sabraient » les amphores. Cela expliquerait le fait de ne trouver que des débris et peu de « grosses pièces » entières.

La voie romaine de Béziers à Cahors

Bien avant la conquête romaine, une draille reliait la plaine du Languedoc aux premières hauteurs du Massif Central. Cette voie permettait de faciliter les échanges avec les peuplades du Haut-Languedoc, des Monts de Lacaune, du Rouergue, des Monts d’Alban, de l’Albigeois et au-delà vers le Quercy. Les Romains mirent à profit cette voie de passage déjà utilisée par les Gaulois. Leur but était commercial, mais aussi stratégique. Les Romains tracèrent un chemin le plus direct possible tout en le rendant utilisable aux transports par chariots. Auparavant, ce ne devait être qu’un sentier muletier.  Les légions romaines pouvaient ainsi se porter rapidement au nord de la province Narbonnaise et en surveiller la frontière. Sur le plan commercial, cette voie ainsi aménagée, facilitait les échanges entre les produits de la mer et le vin du Bas-Languedoc, contre les châtaignes et les animaux d’élevage de l’arrière-pays.

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La commune est connue pour être le sommet du département de l’Hérault !

Cette voie franchissait l’Espinouse près du Plo de Bru où elle a laissé des ornières creusées dans la roche.

Elle servait aux échanges commerciaux entre les populations de la plaine et de la montagne. Au Moyen-âge, elle portait le nom de « Gran cami ferrat dé la mountagno al païs bas ». Plus tard, elle fut appelée « Chemin de Haute Guyenne ». Avant la construction des grandes routes du XIXème siècle, de longues portions étaient encore utilisées fréquemment par les marchands de bestiaux pour conduire leurs troupeaux. Certains tronçons sont encore utilisés de nos jours ; en plusieurs endroits, les routes actuelles se sont superposées à cet itinéraire plusieurs fois millénaire.

« Les ornières du diable »

Nom donné au Moyen-âge par les gens du pays à des parties de cette voie antique car ils étaient convaincus que « seul un char infernal a pu creuser dans la roche des ornières aussi profondes au bord d’un précipice, à un endroit où l’on ne voit pas de chemin ».

En fait, ce sont des traces laissées dans la roche par les chariots gallo-romains et il ne subsistait à certains endroits qu’une partie de ces traces du fait de l’éboulement du chemin. Elles semblaient suspendues dans le vide…. d’où la provenance de l’appellation « le chemin du diable » (elles existent encore actuellement).

MOYEN-AGE

Nous ne savons pas grand chose de l’époque moyenâgeuse. Les rares empreintes de cette période sont celles des pèlerins de St Jacques.

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Créé et instauré après la découverte du supposé tombeau de saint Jacques au début du IXème siècle, le pèlerinage de Compostelle devient à partir du XIème siècle un grand pèlerinage de la Chrétienté médiévale. Mais c’est seulement après la prise de Grenade en 1492, sous le règne de Ferdinand d’Aragon et d’Isabelle la Catholique, que le pape Alexandre VI déclare officiellement Saint-Jacques-de-Compostelle lieu d’un des « trois grands pèlerinages de la Chrétienté », avec ceux de Jérusalem et de Rome.

Point de convergence des pèlerins se rendant à St Jacques par la Via Tolosana, ce haut-plateau vit au XIIème siècle l’édification de l’église SAINT PIERRE DE L’ESPINOUSE, dans la forêt Domaniale du CROUZET. La construction de cette église d’architecture romane remonte au XIIème siècle.

Parmi les vestiges qu’il en reste, on peut reconnaître l’enceinte du cimetière extérieur en hémicycle, les traces d’une nef à quatre travées qui finissait par une abside semi-circulaire et une crypte encore bien conservée Elle fut détruite au XIXème siècle.

Parfois, les jours de brume, certains perçoivent encore l’écho de ses cloches.

Saint Pierre de l'Espinousse

L’église SAINT PIERRE DE L’ESPINOUSE

A l’issue de la Révolution, les Paroisses de CAMBON et de l’ESPINOUSE (à laquelle se substituera la Paroisse de SALVERGUES) avaient été rattachées, pour la majeure partie de leur étendue, à la Commune de SAINT JULIEN D’OLARGUES, le reste des terres entrant dans le patrimoine de la Commune de MONS.

En 1829, une nouvelle église fut édifiée à SALVERGUES, elle fut construite en majeure partie avec les pierres de l’église de SAINT PIERRE, grâce aux deniers des paroissiens. Au fil du temps, elle est devenue, dans le cœur des Cambonais de souche et d’adoption, le symbole des Monts de l’ESPINOUSE.

A la même époque, l’église SAINT PIERRE-SAINT PAUL de Cambon vit le jour tandis que, non loin de la tour de La ROQUE, la chapelle rustique de SAINT MARTIN DUFROID était aménagée sur les vestiges d’une ancienne construction, près d’une tombe wisigothique.

La commune de CAMBON ET SALVERGUES a été créée, officiellement, le 13 février 1869 à partir de sections distraites des communes de SAINT JULIEN (Cambon, Combrecroze et Valbonne) et de MONS (Salvergues, la Gorge, La Calmette, le Crouzet et le Bardou (le Bardou est à nouveau aujourd’hui sur le territoire de Mons)).

A cette époque, les fermes étaient nombreuses. L’élevage constituait l’activité principale des paysans du terroir. La production de lait était transformée sur place dans la fromagerie de Cambon. Le grain était moulu dans le moulin à eau du village qui sommeille aujourd’hui mais a conservé son allure d’antan et le pain était cuit dans le four banal ou dans les fours privés. Le petit commerce et l’artisanat local étaient alors florissants.

Au milieu du XXème siècle, il y avait encore sur le village deux restaurants, deux épiciers, deux écoles, un tailleur d’habits, un barbier, la poste et le transport en commun.

Petit à petit, les enfants du pays quittèrent leur terre, pour s’instruire à la ville. L’exode fit son œuvre. Si les agriculteurs se sont raréfiés, ils continuent de produire des produits fermiers d’excellente qualité que chacun peut apprécier. Une entreprise familiale assure l’extraction et la commercialisation de terre de bruyère pour le plus grand bonheur des jardiniers.

La population qui dépassait six cents âmes au début de la IIIème République n’en compte plus que cinquante-deux au dernier recensement en 2014.

XXème SIECLE

L’EXODE

A la fin du 18ème siècle et durant tout le 19ème, la région est très peuplée. Les besoins alimentaires sont donc très importants et le système autarcique oblige à produire sur place. Les forêts, composées surtout de hêtre, de chêne, et de pin sylvestre sont défrichées intensivement pour fournir du bois de chauffage et de construction et pour laisser la place aux cultures et aux troupeaux. Les massifs de l’Espinouse sont entièrement couverts de landes. Les versants les plus abrupts sont soumis à une érosion sévère et la roche affleure. En 1840 et 1860, des inondations catastrophiques ravagent les communes situées sur l’Orb, la Mare et le Jaur. La prise de conscience par l’Administration du danger de la déforestation et le manque de bois conduisent les pouvoirs publics à favoriser les plantations forestières. A la fin du 19ème siècle, l’Etat s’est déjà constitué un domaine important par acquisition ou par expropriation, reboisant systématiquement les landes.

L’abandon des terres cultivées dû à l’exode rural massif qui vide la région d’une grande partie de sa population à partir de 1914, provoque une intensification des boisements. A partir de 1947, la création du Fonds Forestier National (FFN) donne les moyens aux communes et aux particuliers de réaliser des boisements. Dans ce cadre, deux groupements forestiers (la Calaisienne et le Groupement forestier d’Aiguefonde) récupèrent et plantent encore en 1962 plus de 700 ha.

Dans les années 50, avec l’arrivée de « la fée électricité », il devenait inconcevable de vivre sans cette modernité.Avec la commune de Fraïsse sur Agout se constitua le Syndicat d’électrification Fraïsse/Cambon.

Aujourd’hui, les Monts de l’Espinouse forment une région essentiellement forestière où subsiste une agriculture centrée sur l’élevage, avec un timide développement d’un tourisme axé sur la Nature et l’Environement.

Ces trois pôles d’activité sont de plus en plus liés à la fréquentation touristique en constante augmentation. Les sites aménagés (lac de la Raviège, lac de Vezoles, complétés par le lac de Laouzas dans le Tarn) attirent de plus en plus de visiteurs. Les massifs sont fréquentés par de nombreux randonneurs.

Cambon Juillet 08 012